Je suis sur le point d’exploser, mon cœur est telle Néo Tokyo, en proie aux tensions les plus insoutenables. Une vision fantasmatique sans cesse hante mon esprit à la recherche d’un repos mérité, cette vision m’apaise. Mais lors de sa présence auprès de mes réelles cotes, l’oreillette se déchaîne, l’apex s’imbibe de frisons insoutenables et engendre l’amplification de mon anxiété. Je suis dans l’incapacité d’agir : seul le silence s’extrait de mes cordes vocales à la débilité permanente; la sclérose est maîtresse de ma corporalité vouée au destin tragique d’errer seule dans un monde sans sens, loin de ses baisers, mais si proche de sa poitrine. Sous la tranquillité nocturne, j’ai le douloureux pressentiment que mon cœur, toujours aussi riche en faiblesse et pauvre en robustesse, a atteint la limite de sa résistance, il ne peut plus supporter le vacarme tonitruant que le harcèle depuis toutes ces semaines, il est sur le point de lâcher, de s’atomiser, pour la troisième fois en cette décade, de vomir ses jets ensanglantés pour m’expulser par la même occasion dans une déambulation sans borne, sans limites... sans fin. Mes larmes ne peuvent me sauver, elle s’extrait avec timidité à la suite de chacun de nos enlacements, à la suite de chacune de nos embrassades, mais s’écoule réellement que lorsqu’elle m’a tourné le dos où, passant la porte, elle s’éclipse dans cette ruelle sombre et douteuse. Je garde alors en mémoire la saveur de sa chair où mes lèvres, après s’être délicatement déposées sur son cou dégarni, offrent à ma langue dépossédée la sublimité de son arôme. Je l’aime, le sentiment que j’éprouve pour elle est unanime, il est irrévocable, et je serais le bannir. Les sensations qu’elle me procure sont d’une pureté irréprochable malgré le caractère physique qui les anime. Sa poitrine est mon rêve, ses lèvres sont mes désires, sa beauté ma jouissance... et sa voluptuosité la plus suave de mes convictions. J’ai écrit ces premières lignes, non issues de ma mine, mais générées par mes tremblantes phalanges, pour toi, Rosy, l’être désirée. Je t’aime... et je vomis pour l’instant cet amour de manière épistolaire, dans l’attente insoutenable de te lâcher ces deux simplistes mots à l’orifice de ton lobe tant de fois effleuré.
Turbulence cardiaque, insomnie cérébrale..... Que va générer cette gémellité insupportable : un assourdissant évohé ou une dégénérescence plane et stérile ? Un gouffre débordant d’incertitude s’offre à moi comme si l’illusion d’un avenir radieux s’évaporait de ma psyché. Que me reste-t-il d’espérance ? Je me sens si proche de ma Rose de Patagonie, mais la révélation ne peut s’exprimer par des mots simples, et seul un souffle sempiternel s’extrait de ma gorge agonisante. La souffrance m’assaille, elle me gobe dans sa capsule cryogénique et dépose sur mon derme spasmodique une fine grêle paralysante, asphyxiante, qui dégénère ma volonté sans pour autant transmuter mes émotions. Toute ma fulgurance amoureuse se porte sur elle, cette divine être enlaçant, unique capable, dans cette actualité, à hérisser ma fibrosité et à la redéposer avec délicatesse sur ma rousseur tel un morfil de bienfaisance. Elle m’offre le bien, mais le mal m’enracine, il trépane mes axones et m’éjecte dans cette nervosité déplaisante. Alors je fume, j’agglutine la nicotine à pleine bouchée et déborde le cendrier de mes affres effrayantes. Mon piston vital se voue à un galop sans fin, je sens son apex froisser ma poitrine avec la force d’un sabot, la douleur est intense mais agréable à sentir, car elle axiomatise mon amour éternel. Rosy, douce fleur aux pétales envoûtants, ta beauté illumine mon esprit mais perturbe mon cœur, cette violente dualité dérive ma carcasse fébrile dans des abysses inconnus où le doute règne en maître absolu. Une naissance doit s’imposer pour métamorphoser cette dualité en unicité, unicité limpide et divine où tout ne serait qu’ » ordre et beauté, luxe calme et volupté ».
Quiero llorar, al frente de la pantalla,
A cada vez que lea algunas palabras tuya.
Quiero llorar de una lagrima tímida
À la primera vista de tu sonrisa tan linda.
Quiero llorar toda mi alma desnuda
À cada vez que besa tu divina espalda.
Quiero llorar a cada vez que mi labio
Sensiblemente toca tu caliente cuello.
Quiero llorar un arroyo poderoso y veloz
Cuando sienta tus brazos acariciar mis pelos.
Quiero llorar a cada vez que tu mirada
Eterniza sus colores sobre mi débil armada.
Quiero llorar una catarata bien fuerte
À cada vez que te vayas sin volverte.
Sous la lourde et pesante chaleur hivernale, mes sommes répétés plongent ma pensée dans un abîme sublime et doux. Et à chaque réveil, je me remémore alors son regard, filtré d’un verre de correction, où le reflet de mes larmes pétille de mille feux telle l’astralisation d’un ciel tropical à la suite d’une tourmente. Dans ce cosmos infini, à l’échelle de mon Amour, je me sens déambuler à ses côtés, mains fermement jointes, et la saveur de ses ongles pyrolyse mes artères et métabolise ce rêve en une folle réalité. Dans cette promenade sans fin, je me retrouve immobile, seul, le visage plié vers la roche, à contrecarrer ma tristesse pour me l’imaginer à jamais finie. Mais le doute persiste et la mélancolie m’envahit de cette perplexité que je souhaiterai dominer. Perché sur cet inconnu, sensiblement équivalent à la cime de ses seins, je scrute un horizon vide de relief, aussi plat que mon futur improbable, et imagine alors le pouvoir, le pouvoir incommensurable d’un Amour constructeur, apte à embellir la planéité des formes les plus enchanteresses.
Mon cri muet ne me renvoie qu’un écho silencieux; elle ne perçoit mes appels de détresse trop masqués de subjectivité. Pourtant je l’aime, et les vociférations de mon cœur devraient suffire pour rendre indétrônable la véracité de mes élocutions. Mais moi, qu’entends-je ? Un identique signal, même si je peux douter une objectivité plus probante. Que faut-il donc pour sacraliser l’Amour entre deux êtres que le destin osa croiser ? Des blasphèmes remplis d’immondices, une exhibition matérielle outrageante et compromettante, une violence perceptible, une ignorance insoutenable. Que faut-il ? La voix du cœur ne serait-elle suffisante pour tout clarifier, cette transcendante parole n’est-elle pas apte à surpasser toutes les autres ? Que peut-on rajouter au sentiment le plus au faîte pour le rendre crédible ? Rien ! Rien ne peut se rajouter à l’Amour, les sensations qu’il procure ne peuvent se justifier par aucune phrase, aucune parole, aucun son.
Depuis les vitres ternies de poussières, le soleil disperse ces dernières lueurs au travers des cimes stériles de la cordillère. Un voile nivéen paralyse alors ma vision pour noyer mes pupilles dans une blancheur totale, et je me sens surfer sur le bouclier de son cœur désiré. Perdu dans cette candeur éternelle, je sommeille dans un rêve étrange, chaulé par sa douceur fondatrice d’un monde baudelairien. Mais à mon réveil, le poudroiement semble s’être amplifié par ce faux contre-jour et, à la senteur de mes larmes dégoulinant, je vois mon âme inchangée, telle une pellicule photo inapte à se révéler. Alors je clos mes paupières, laissant ces perles suivre leur chemin, et me mets à conceptualiser les pétales d’une rose divinisée qui, de leur ouverture, feront jaillir cet élément tant attendu. Perdu dans l’immensité nocturne postaltiplanique, mon cœur vocifère à la vitesse du tremblement routier, mais la route m’est imperceptible, trop noyée dans la noirceur de cette nuit sans lune, même pleine. En revanche, sa douceur me cautionne à une véhémence cardiaque sans fin; je ne cesse de la contempler, dans ma cage cérébrale, je ne cesse de la penser, de l’imaginer, de la revoir m’enlaçant; je ne cesse de réécouter ce silence atroce qui accompagnait chacune de nos embrassades, je ne cesse de souffrir à songer sa perte alors que je n’ai toujours pas su lui révéler la joie gagnée que me procurerait le désir de son être.
Telle la liseuse élue d’El Alisal, elle se leste de phrases aussi diverses que subtiles et ne semble, à l’instar de tout dépendant aux lysergamides les plus efficaces, s’épuiser d’une telle consommation; ou au pire, se lasser de cette hallucinante agape. Elle feuillette chaque page de ses essais mystérieux avec la gracilité de Polymnie, et à chaque changement, me sont révélés des doigts fluets et délicats, preuve indélébile d’une âme aux raffinements débordant de modestie. Elle semble imperturbable aux agitations externes qui secouent ce monde stérile d’émotions; son regard, pétillant de fraîcheur, s’éternise de façon instinctive sur chaque caractère imprimé, et passe au suivant avec harmonie et maîtrise. Quelle joie que de contempler cette toile élégante, je n’ose la déranger à sa tache impériale et préfère perpétuer mes iris imbibés sur cette beauté à la préciosité et à la pudeur insoupçonnées. Balayant mes orbes de sa frange protectrice à sa vultueuse poitrine, je semble à des moments m’éclipser, comme porté par un artefact inconscient, à la base de son pied chancelant. Les jambes croisées, elle maintient sa cheville droite en lévitation, la délaissant à son balancement perpétuel. Ne pouvant me révéler, je m’imagine alors sur la cime de sa bottine droite, agenouillé, préservant mon équilibre pour ne point chavirer dans une sphère sans sa présence. Être proche d’elle m’emplit d’un bonheur suprême; m’imaginer sur une partie d’elle-même me plonge dans une torpeur comateuse tant l’extase est enivrante. Mais mon souhait le plus intense serait d’être en elle, pour elle, par elle et à elle. Ce bégaiement soporifique émis depuis ce portique imaginaire suffira-t-il à exaucer ce souhait ? Dans le cas d’un non-exhaussement, ce rêve restera à jamais éternel, crucifié pour le restant de mes jours dans les tréfonds les plus abyssaux de mon Cœur dérivant.
Nos corps entremêlés tel un jeu de laine allégé dessinent, dans cet air pourpré par la chaleur d’un été décalé, la ligne d’une continuité amoureuse divagante dans la vaporosité de notre sueur en fission. Lèvres contre nuques, je bécote son derme embaumé et m’imprègne de sa force en l’enlaçant puissamment. Je ne souhaite me séparer d’elle, le préserver en ma possession, me préserver en sa possession. Mon cœur détonne, à la senteur de son majestueux corsage, une symphonie électronique hors des âges; mais de ma bouche, toujours envoûtée par son délicat parfum, ne s’extrait qu’un mutisme incontrôlable et insupportable que ma volonté souhaiterait détrôner, mais que mon pouvoir ne peut cependant transgresser. Alors ma passion s’extrait de mes orbes mi-clos, divulguant le long de son cou dégarni un flot de larmes asséchées. De ce suintement continuel, ce flot prolonge alors sur son corps désiré cette ligne immortelle qui, après avoir effleuré son fessier féerique, se déploie finalement en une succession de folles paraboles dont je ne souhaite l’adoucissement.
Mon cœur vocifère, mes lèvres restent coites; il bat et détonne une clameur qu’elles gardent sous silence; il barytonne ce qu’elles ne savent striduler; il résonne dans mes entrailles deux mots qu’elles ne peuvent articuler. Il martèle ma poitrine, l’afflige d’une douleur qu’elles ne veulent exprimer. Il gronde tels les cieux sous l’emprise des Dieux, elles s’amuïssent de peur de trop révéler. Son hurlement, tonitruant et frémissant, paralyse leur malléabilité d’un mutisme destructeur; elles gardent leur secret alors qu’il voudrait, de sa cacophonie, le défouler à grand flot. Il crépite, grésille, pétille, elles prolongent leur aphasie; son éclatement résonne au-delà du firmament, leur ballonnement n’extrait qu’une discrétion lacrymale. Qui vaincra donc entre cette déflagration cardiaque et cette mutité buccale ? Ou peut-être faudrait-il que ma langue devienne oreillette et que mon ventricule prenne le relais de ma bouche. Mais si mon cœur ne vocifère plus, qu’auront donc à exprimer mes lèvres : une palissade de plus ? Non! Mes lèvres doivent transcender mon langage apexien pour majestifier les mots; et de leur nouvelle élocution naîtra cet Amour surpuissant que seule l’atomisation de mon cœur pourra mettre un terme.
Rosy forever ou pour toujours,
C’est au détour de ces quelques mots
Que je cristalliserai mes maux
En un seul et unique mot d’Amour.
De son corps passionnel qui m’étreint
J’ose ouïr la fulgurante émotion
Qui agite, sous la belle protection
De son sein, son cœur au doux refrain.
À quoi bon mettre en rivalité
Le langage de mes lèvres impuissantes
À celui de mon arche béante
S’il n’en sort qu’absconse mutité.
Divine Rose, nacrée et suprême,
Je délinée mon puissant encrage
Et y révèle ce pieux tatouage
D’un cupidon murmurant « je t’aime ».
Me reposant sur les gons de ma somnolence
Comme tout doux bébé chutant sur son nourricier,
J’extirpe de mes songes une folle résonance
Qui susurre sa douceur sans même s’en soucier.
De cette errance insonorisée qui m’enclave,
J’ose apercevoir dans le reflet de mes larmes
Une silhouette esseulée, puissante et suave
Qui m’exhume du gouffre au moyen de ses charmes.
Mais sa beauté me laisse coi: mutité buccale;
Alors mon cœur, d’une turbulente sonate,
Vocifère sans relâche un verset ancestral
Propageant sa passion au coloris d’agate.
Cette onde cosmique, traversant espace et temps,
Dissocie les cieux de son tracé albescant,
Mais m’exclut de son corps auquel je prétends
De par l’allégorie d’un crachat spumescent.
De ses seins séquestrés à mon cloître encéphale,
Je me lance dans ce vide aux mystères à venir
Et de mon cri aphone stridulant l’air austral,
Je lui offre ces mots qu’on ne peut retranscrire.
Dois-je, pour qu’elle m’aime, me rendre jusqu’à Bermejo?
Si ! Et de ce petit pèlerinage, elle m’offrira sa grandeur.
Dois-je, pour m’oxygéner, transformer mes narines en aspiro?
Si ! Et de mon humections, je me ferai le subtilisateur de ses parfums.
Dois-je, pour me cloîtrer en elle, la conquérir et être à ses yeux un héros?
Si ! Mais ma conquête sera délicate et soyeuse à l’instar de son derme embruni.
Dois-je, pour ne pas la perdre, m’envoyer dans des cieux sidéraux?
Si ! Et sans cesse je la choierai pour me fondre dans les profondeurs de son âme.
Dois-je, pour la préserver, me faire de ses prétendants le bourreau?
Ça n’a pas l’air d’être nécessaire tant sa passion n’a nul égal.
Dois-je, pour m’apporter cette confiance apaisante, songer comme Malraux?
Si ! Et de ce « rien » qui enrobe mon cortex, je me ferai son suppléant.
Dois-je m’énucléer pour me laisser orienter par ses yeux minéraux?
Si ! Et ma route sera la sienne pour le plus envieux des lendemains.
Dois-je tout sacrifier de ma vie au baisement de ses deux bigarreaux?
Si ! Et de leur suprême ascension, je lui divulguerai mon Amour.
Dois-je, pour ne penser qu’à elle réduire mon monde a zéro?
Si ! Et de ce nouvel Eden, nous n’aurons nul besoin de mimer.
Dois-je, pour m’éterniser en son être, mettre mes rêves aux barreaux?
Ça n’a pas l’air évident, mais s’il me faut le faire, je le ferai.
Mes larmes sirupeuses et désenclavées tel un rivelet mercurien s’extraient, timidement, de ma vision désarmée pour interminablement s’épandre de mon faciès qu’elles lancinent d’une cinglante effusion. À la base de mon menton en pleurs, chaque perle, puissamment rattachée à sa consœur afin de dominer toute vaporeuse action, dégouline, d’un tracé vertical, à la cime de mes souliers marinés pour humecter, de leur fertilité, ce néantisme terrien qui m’incarcère. De leur accumulation frénétique et atemporelle, se créer à ma base scellée par les semaines successives, une marée montante que notre Déesse au front d’argent ne serait entraver tant son ascension échappe aux théories, actuellement, les plus avérées. La marée monte, et sa tiédeur galvanise mes cuisses frissonnantes dans une torpeur délectable ; mon sexe, mes hanches, mon nombril, mon torse, mes épaules se retrouvent à leur tour imprégnés par cette enveloppante aura pour soudainement, après immersion de mon crâne hérissé, retrouver leur élasticité originelle. Bien qu’entièrement ablué, mon flot lacrymal ne cesse sa « thalassoformation » et perpétue son langoureux versement dans cet océan qui m’offre dès lors sa paix abyssale qui, de son silence aux pouvoirs surnaturels, occulte ma cochlée. Toujours en apnée afin de jouir au maximum de cette splendeur irréelle, je me meus, avec l’élégance d’un jeune épaulard, dans cet empire aux ondes caressant qui, de sa transparence sans fin, m’offre une vue impériale sur cet Eden retrouvée. Au loin, ondulant avec sveltesse et aisance, j’aperçois une silhouette chimérique et divine qui semble éterniser ses pupilles d’alizarines sur mon regard toujours déferlant mais dont l’origine se trouvait dès lors dans l’avènement d’une suréminente émotion qui caractérisa cette rencontre inopinée. Je retrouvai, noyé dans cette mer étoilée par les derniers rayons d’un soleil crépusculaire, ma Sirène : cette déité au corps écaillé et à la gorge sculpturale que j’avais osée, à la suite d’un effleurement de lèvres, aimer, au plus profond de mon âme. De ce nouvel enlacement dont nous fûmes les sujets, je sentis cet Amour recouvrer sa ferveur (même s’il n’avait dû la perdre) et me laissai m’envelopper de sa dorsale froide et voluptueuse, pour me faire le prisonnier de ses bras délicats et fondre en son cœur où un repos éternel me serait enfin offert, tel le sacre le plus attendu.
Je l’ai rêvée, idéalisée, sous sa forme adamique, lors d’une nuit printanière, alors que mes sens, dans leur union commune s’étaient apaisés de sa douce présence. Elle posa, tel un modèle académique, sur un pan de pelouse d’où surgit, au premier plan, un tapis régulier de roses aurorales à la teinte vermeille. Accroupie, ses cuisses repliées ne révélèrent qu’une infime pilosité à peine hérissée sous cette froideur matinale. À vrai dire, seul son nombril sut s’extraire de cette effusion de pétales révélés que la flèche de Cupidon était prête à condamner. Ses mains reposèrent à même le sol et, bombant ainsi son buste, léguèrent à sa voluptueuse poitrine un contour harmonieux dont la symétrie parut être le vœu d’une divinité supérieure. Dépourvu de bijoux, son cou gracile luisit sous la lumière du matin, projetant une ombre contrastée sur son derme plus tendre qu’une étoffe de soie. Sous son menton légèrement rehaussé se refléta le coloris pourpre de ces roses déployées offrant ainsi à la base de son visage une chaleur qui, de sa sérénité, sut s’isoler dans ce ciel azuré. Ses cheveux, joliment ployés par une bise balbutiante, ondulèrent avec grâce et zébrèrent, de leur démêlement, les quelques nuages qui ponctuèrent ce céleste. Sur son oreille, alors allégée de ses lentilles, se discerna, de par son éclat spectral, une rose noire, d’une beauté incomparable et dont la rareté me fit penser à cette laine d’alpaga qui servait jadis à la confection des corsages les plus soyeux. Bien que son visage se portât au ponant, elle dévia avec insistance son regard opalescent sur mon être, prolongeant ses rêveries que la convexité de ses yeux sut authentifier. Quelle fresque ancestrale ! Je ne pus point me réveiller à la vue d’un tel bonheur frénétiquement des plus délectables, alors je la scrutai, intégralement, et pris conscience que cette beauté n’était point artificielle. Car elle était ainsi : éblouissante ; mais jamais je n’avais pu l’ausculter sous cet angle, et surtout sous cette forme. Cependant, lors d’une bourrasque incompréhensible, les milliers de pétales qui préservèrent sa base convoitée s’envolèrent en éclat, et de leur tourbillonnement sanguin me la masquèrent sans jamais me la révéler de nouveau. Je me réveillai de mon somme, transporté dans un apaisement sirupeux et, les larmes aux yeux, je m’envoûtai de ce doute détestable de l’avoir perdue, à tout jamais, pour toujours.
Mes pensées s’évasent de leur fluidité inconceptuelle dans une amphore de terre cuite et asséchée par cet équinoxe caniculaire. Dans les tréfonds obstrués de ce vase encoudé, aucune tige ne baigne sa pudeur pour transcender ces mêmes pensées dans les faîtes les plus délectables de la révélation. Ondulant sur des lignes trop distantes de l’équateur pour percer le mystère de cet astre incandescent, seule l’ombre qu’il projette immerge ses divagations dans une opacité informelle. Nonobstant ses ténèbres infertiles et claustrales, s’élève, depuis la cime de cette jarre suscitée, la lueur nébuleuse d’un ciel matinal au bleu givré par cette récente et douce nuit pétillante. Mes pensées, réchauffées par cette valse rotative sur ce crépi dès lors vaporeux, reflètent de leur ébullition spontanée les permisses insoupçonnées d’une délicieuse corolle. Tourbillonnant tel le Maelström d’Alan Poe, mes pensées liquéfiées par cette chaleur retrouvée gênèrent de par une florescence subtile et malice, les pétales d’une rose au noir ivoirien. Perpétuant son envolée spiralée le long de cet orifice arqué, sa beauté timidement se dévoile et, après attraction de ses fibres soyeuses sur ce bourgeon prématuré, se révèle, hors de cette amphore carcérale, à la lumière du matin. Dévorant à plein pistil ces photons excités par cette formation, la rose illumine, de sa spécularité, cet éther anamorphosé par la venue de la beauté désirée. De sa saveur encre de Chine, cette sublimité divulgue alors subrepticement ses parfums que mes pensées, embaumées car au sommet de leur recouvrement, tente d’en percer les arômes. À l’apothéose de sa croissance, cette splendeur de la nature hale son halo bistre sous la sombre pesanteur d’un soleil pointant au zénith de ces cieux adoucis par sa propre candeur. Sous l’effervescence insoutenable de mes pensées, la terre calcinée qui les retenait s’effrite pour se dématérialiser dans un bruit sourd et furtif afin de mettre à jour cette union solennelle. Mes songes, jadis prisonniers de leurs mystères, exhibent alors, sous le silence printanier d’une belle journée, mon attachement indéfectible qu’ils portent à cette tige, pilier infrangible d’un amour puissant et passionnel que seule une ablation cérébrale pourrait assécher la source.
Aseptisées par son assimilation cardiaque, mes synapses déferlent de nouveau leur flux ondulatoire d’acétylcholine. Tout se veut vif, virulent, et de cette défragmentation cérébrale, mes réflexes spinaux accumulent leur profusion d’encre indélébile. La noirceur se repend telles les cendres d’un Copahue déchaîné, mais nullement n’embourbe ma vision dans un voile plus terne que les méandres d’un Élysée retrouvé. C’est aux antipodes du spectre que je me retrouve, vaguant tel un condor sans destin ; autour de moi tout n’est qu’illumination, tonalité pastellée par sa présence acharnée. Sa splendeur d’une rose matinale, sa chair voluptueuse et enveloppeuse, son être fécondant une paix démesurée ensorcellent mes pupilles de coloris irréels et plongent ma fragilisation dans l’abîme de son amour convaincu. Saupoudrée d’euphories par la senteur de ses seins, mon errance semble à jamais contrainte d’exister en sa présence ou de se détruire en son absence. Alors je m’attache à elle, tel un parasite dépendant et, confiné dans l’osmose amoureuse, elle ne me lâche dans cet espace infécond, pour profondément me garder dans les viscères introspectifs de son cœur envoûtant. Oh ! Rosy, tant de distance parcourue sous cette symbiose silencieuse, tant de secondes accumulées corps contre cœurs à languir ces plaintes assourdissantes, tant de rêves écoulés dans l’espérance d’un épilogue généreux, tant de larmes dégoulinantes d’une dégénérescence sentimentale. Où nous mènera ce parcours ? Vers quelle mort me projettera ton amour ? Sans toi je ne suis plus rien, à tes côtés je ne vaux plus rien, en toi et me voilà esclave de tes désirs.
Ses yeux rehaussés par l’intensité d’un ornement fuligineux subliment son regard attisé d’une auréole profonde et mystérieuse dont l’émanation pétrifie ma respiration alors haletante en une apnée spasmodique. Un simple jet de ses iris de jais et sa couronne d’ébène m’enclave dans un sirupeux magnétisme pour parfaire mon être d’une pesanteur statufiée. La puissance que dégagent ses orbes calligraphiés liquéfie mes pensées préservées pour les évacuer à grand flot au travers de mes paupières contractées. Que ressort-il à la vue de cette sublimité oculaire, à la vue de ses yeux embellis d’une délicate noirceur : il n’en ressort qu’une explosion lacrymale. Sous la pression de son tendre et doux regard, mes yeux se gonflent d’une accumulation aqueuse qui, dès la saturation de ma coque orbitale, se métamorphose en un champignon larmoyant. De sa beauté encrée ne se reflète que mes pupilles atomisées, dont les larmes irradiées assombrissent de leur déferlement mon faciès attristé. Contaminé par cette pluie noire, je ne peux que m’oublier dans la solitude afin de ne point la contagionner de cette tristesse infinie.
Ma chair se disloque dans les abîmes mortifères de mes songes allusifs, elle s’autopétrifie sous la compression insupportable qui l’enclave. Embourbée sous de violents alizés, elle sombre, passivement, dans un Élysée à ce jour inconnu. Qu’adviendra-t-il de tous ces frissons qui la caractérisent ? Ma pilosité se dresse et adresse ses signaux de détresse qu’elle seule serait cesser par ses enlacements à la douceur ensorcelante. Oh ! Divine comédie, tu te joues de mon être pour l’amadouer vers sa perdition définitive que seul un miracle incompris pourrait libérer. Mais le miracle ne s’exhausse, il ne s’authentifie ; il ne s’extirpe que visuellement au travers d’un tracé « jet d’encre » à l’élégance désirée, il ne peut se manifester autrement, il ne le peut, trop hypnotisé par la puissance d’un silence imposé. Alors la descente vers cette attrayante offuscation -où aucune nyctalopie ne sera permise à mes orbes alarmés- perdure, et condamne cette même chaire disloquée à sa condamnation finale. S’amuïssant sans relâche dans cette torpeur végétative, mon âme se dissolve sous une apaisante gestuelle coercible qui lénifie mes axones en un spectre cardioïde. Mon cœur ne répond plus, de son court circuit s’ensuit l’apoplexie que mes larmes inconsolables ne peuvent controverser… Dans cette ultime errance, ma dépouille sombrera.
Détenant, de mes mains sclérosées, l’étincelle flamboyante d’un quart de siècle révolu, je m’agenouille avec l’idolâtrie d’un flamine impuissant à la base de ses lèvres miroitantes. La lumière s’émancipe de son éclat cendré et son diaprement émis cobre son visage d’une tonalité incarnate qui, marié à la brunissure de sa peau, dégage une aura lénifiante. La flamme chancelle, elle ondule hasardeusement sous la sonorité de sa respiration, mais je la protège en ma paume, bien affectueusement, afin de parfaire mon acte commémoratif. Tête inclinée, afin de ne point perdre mon regard sur sa beauté attractive, je tache de préserver mon équilibre alors mis à mal par mes tremblements convulsifs. C’est alors qu’elle ouvre sa bouche tant de fois rêvée, parcimonieusement, pour enfin extraire cet air qu’elle avait osé conserver au sein de ses joues tant de fois baisées : ce souffle jaillit avec timidité pour s’infiltrer entre les parcelles de mon corps et l’embaumer de cette chaleur apaisante. Mais la flamme ne s’éclipse, assurant sa noble stature sur cette bûche que je maintins au plus haut afin de ne point rendre perceptible on croulement émotionnel. Reprenant sa respiration, elle émet alors un second souffle dont la vigueur flagelle mon être des parfums les plus désirés. Enrobé par ses saveurs les plus raffinées, je résiste à leurs pressions et me fais maître des feux du Ciel brandissant mon spectre avec teigne afin de supporter la chaleur qui rayonne en son cœur. Mais la flamme disparaît, elle s’envole dans la tourmente et génère de sa sueur volatile une fumée anthracite et épaisse qui, de son tracé sinusoïdal, assombrit mon dos recourbé. La bougie n’illumine plus son visage alors redevenu serein, mais la conflagration engendrée par la cadence de mon apex parvint sans peine à l’ensoleiller d’une pastelité ignescente digne d’une joie recouvrée.
Pensées éternelles qui ne s’extirpent, pensées paralysantes et asphyxiantes ; pensées sublimes, douces et mélodieuses qui trottent dans ma tête une chanson mélancolique. Pensées réelles, sincères et profondes ; pensées insubmersibles qui inondent mon âme de pleurs infinis ; pensées fécondes, fondatrice de mon œuvre ; pensées infécondes, paralysatrices de mes actes. Pensées troublantes, confectionneuses d’une arche béante ; pensées incomprises qui emprisonnent mon cœur dans une rafle percussionniste. Pensées divines, pensées omnipotentes de ma toute puissante divinité ; pensées insolubles et invincibles qui guident ma vie dans un isolement interminable. Pensées exquises et permises, pensées esquissées sur le reflet de son regard ; pensées ravivées par sa vision ; pensées paroxysmées par ses enlacements. Pensées douces, frêles et légères ; pensées errantes et divagantes ; pensées qui illusionnent mon amour. Pensées secrètes et fort discrètes ; pensées puissantes et dérangeantes ; pensées unanimes et univoques. Pensées éternelles pour cette Rose céleste ; pensées atemporelles pour ses subtiles saveurs ; pensées irrévocables pour tous ses parfums qui acheminent ma vie. Pensées dévouées corps et âme à son emprise ; pensées dévoilées par sa beauté imbibée des charmes les plus novateurs.